• La papesse Jeanne

    Une folle rumeur frappe au sommet de l’Eglise. Au XIII è siècle une rumeur à peine croyable se répand comme une trainée de poudre dans toute l’Europe.


    Une femme aurait été élue au Saint Siège et aurait ainsi dirigé l’église romaine de 855 à 858 sous le nom de Jean VIII. Celle- ci serait même morte en accouchant devant la foule lors d’une procession.

    D’abord confirmée par l’église, puis niée en bloc, cette énigme n’a toujours pas été réellement éclaircie. Alors escroquerie au sommet de l’église catholique?

    Selon la légende, un jeune moine répondant au nom de Jean l’Anglais aurait commencé à se faire connaître vers l’an 850 pour son incroyable érudition.

    Enseignant au monastère Saint Martin, il aurait tenu son savoir d’études réalisées dans une université anglaise et une école athénienne de science et de philosophie.

    Adoré des fidèles, le moine se serait donc naturellement imposé comme le candidat idéal à la succession du Pape Léon IV. Finalement élu par acclamation du peuple romain, il aurait prit alors le nom de Jean VIII et entamé un pontificat pour le moins particulier.

    Les fidèles n’auraient eu que très peu d’occasions de voir ce Pape qui ne sortait pratiquement jamais de ses appartements, n’accordait que très peu d’audiences et ne célébrait quasiment pas de messes.
     

    Aussi lorsqu’en 858, il aurait fini par accepter de présider une célébration en prenant la tête d’une procession entre la Basilique Saint-Pierre et celle de Saint  Jean de Latran, la foule se serait pressée dans les rues de Rome.


    Les fidèles , on le comprend n’auraient  manqué pour rien au monde  une des rares apparitions du souverain pontife. Et, si l’on en croit la légende, ils n’auront pas été déçus.


    La mort en direct: En passant devant l’église Saint Clément, le saint père aurait été pris de douleurs, serait tombé de sa monture avant de mourir dans d’atroces souffrances.

    Et ce n’est pas tout! En voulant lui porter secours la foule aurait eu la surprise de découvrir sous la soutane du  Pape un nouveau né qui n’aurait pas survécu à la chute.

    Ce Pape Jean VIII était donc une femme. L’histoire ne dit pas précisément s’il est mort en couches ou a été lynché par la foule ulcérée par cette escroquerie mais qu’importe.


    Le scandale fut tel que les autorités ecclésiastiques n’eurent d’autre choix que de prendre des mesures radicales. Chaque Pape nouvellement élu devrait désormais se prêter à une vérification de sa virilité.


    Le fameux rituel de la chaise percée au terme duquel l’officiant devait s’exclamer en cas de succès de l’examen  » il en a deux et bien pendantes » ( duas habet et bene pendentes). Un véritable tissu de mensonges?


    Aujourd’hui tous les historiens s’accordent à dire que jamais une femme n’est monter sur le trône pontifical. Qu’aucun Pape n’a, par conséquent accouché devant la foule.


    Mais alors pourquoi et par qui cette légende a t-elle été créée? En fait nous n’avons à propos de cette rocambolesque histoire que très peu de certitudes sinon qu’il s’agit à coup sûr d’une invention.


    En premier lieu, une simple étude de la liste des papes montre indubitablement qu’il n’y a pas de place pour le pontificat de la papesse Jeanne entre la mort de Léon IV et l’élection de BenoitII.


    Conscient de cette impossibilité chronologique certains diffuseurs de cette légende comme Etienne de Bourbon un dominicain, tenta de contredire Martin le Polonais et Jean de Mailly, les premiers à avoir parlé de  » fable » en datant le début du pontificat de l’usurpatrice en l’an 1100.



    La vacance entre les deux papes ne fut que de quelques semaines et n’a donc pas laissé de place à un autre pontificat. En second lieu se pose une question de titre. Pourquoi ce nom de papesse Jeanne? Jean VIII a bel et bien existé. Il y en eut même deux.


    Un antipape qui n’aura pas eu le temps de régner en 844 et un véritable pontife qui trôna à Rome de 872 à 882. Laissons de côté le premier pour nous intéresser au second.

    On le surnomma semble t-il  » papesse Jeanne » de son vivant en raison de sa couardise face au Patriarche de Constantinople. En fait, pour éviter un schisme avec l’orient qui se serait avéré dramatique, le pauvre homme se contenta d’une simple déclaration de repentir à propos des contestations faites à l’encontre de sa propre élection.

    Un geste diplomatique d’une grande habilité qui ne lui valut certainement pas ce genre de moquerie. D’autres pensent que le nom de Papesse Jeanne serait une référence à la très autoritaire mère du pape Jean XI. Mais là, pis encore, on perd toute concordance de temps.

    En troisième lieu, le parcourt estudiantin de la  » jeune femme qui serait devenue pape » compte parmi les pistes qui accréditeraient la thèse de la supercherie.


    En effet, elle n’a certainement pas eu le loisir d’étudier dans une université anglaise puisque Oxford, la première d’entre elles, a été créée au XIII è siècle, ni à Athènes qui était alors aux mains des barbares.


    Enfin, la virilité des souverains pontifes n’a jamais été et ne sera sans doute jamais vérifiée. Effectivement il existe bien des chaises porphyres percées, le Louvre en conserve une.


    Mais son utilité n’avait rien à voir avec ce qu’en dit la légende. Ainsi après avoir passé en revue tous ces contres arguments les historiens concluent sans risque que la Papesse Jeanne n’a jamais existé.


    En revanche il reste au sujet de sa légende de nombreuses zones d’ombre. Par qui et pourquoi a t-elle était inventé?

    Autant de questions auxquelles nous n’aurons certainement jamais de réponses totalement certaines, mais comme toujours de brillantes spéculations qui… relanceront la rumeur.
    texte de Eric Garnir.
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