• Laisse moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.
    Si tu pouvais  savoir tout ce que je vois! Tout ce que je sens! Tout ce que j’entends dans tes cheveux! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique.
    Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, ou l’espace est plus bleu et plus profond, ou l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.
    Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense ou se prélasse l’éternelle chaleur.
    Dans les caresses de la chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. Dans l’ardent foyer de  ta chevelure, je respire du tabac mêlé à l’opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical;
    sur les rivages duvetés de ta chevelure je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco. Laisse -moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
    Partager via GmailGoogle Bookmarks

    votre commentaire
  • Douce et Belle Bouchelette.

     

    Ainsi, ma douce guerrière

    Mon coeur, mon tout, ma lumière,

    Vivons ensemble, vivons

    Et suivons

     

    Les doux sentiers de la jeunesse:

    Aussi bien une vieillesse

    Nous menace sur le port,

    Qui, toute courbe et tremblante,

    Nous entraîne chancelante

     

    La maladie et la mort.

    Partager via GmailGoogle Bookmarks

    votre commentaire
  • Dans la force s'achève ainsi l'année
    Avec le vin et les fruits des jardins

    Alentour se taisent merveilleuses  les forêt
    Et du solitaire elles sont les compagnes.


    Alors le paysan dit :"Tout est bien "
    Cloches du soir longues et calmes
    Dispensez pour finir la joie
    Une migration d'oiseaux salue au passage.


    C'est la saison douce de l'amour
    Dans la barque au fil de la rivière bleue
    Comme s'aligne, belles, image après images
    Cela, dans la paix et le silence, c'est couché.

    George Tralk
    poète Autrichien 1887-1914.
    Partager via GmailGoogle Bookmarks

    votre commentaire
  • Deus quer, o homem sonha, à obra nasce.
    Deus quiz que terra fosse toda uma,
    Que o mar unisse j a nao separasse,
    Sagrou-te, e foste desvendando a espuma,
    Et a orla branca foi de iha em continente
    Clareou, correndo, até fim do mundo,
    E vieu-se a terra inteira de repente
    Surgir, redonda, do azul profundo.

    quem te sagrou creou-te portuguez.
    Do mar e nos em ti nos deu signal,
    Compriu-se o Mar, e o imperio se desfez.
    Senhor, falta cumprir-se Portugal!

    Fernando Pessoa.

    Partager via GmailGoogle Bookmarks

    votre commentaire
  • Commence le pleur de la Guitare,
    De la prime aube ,
    les coupes se brisent,

    Commence le pleur
    De la guitare.

    Il est inutile de la faire taire,
    il est impossible
    De la faire taire.

    C'est un pleur monotone,
    Comme le pleur de l'eau,
    comme le pleur du vent
    Sur la neige tombée.

    Il est impossible
    De la faire taire,
    elle pleure sur des choses
    Lointaines.
     

    Sables du Sud brûlant
    Qui veut de blancs camélias,
    Elle pleure la flèche sans but,
    Le soir sans lendemain

    Et le premier oiseau mort
    Sur la branche.
    ô guitare!
    ô coeur à mort blessé
    par cinq épée.
    Federico Garcia Lorca.
    Poète Espagnol, 1898-1936.
     
    Partager via GmailGoogle Bookmarks

    votre commentaire
  • Ce soir, si tu veux,
    Nous irons à la mer
    pour compter les étoiles.
    Ce soir,
    Si l'odeur de la mer nous enivre,
    Nous monterons vers cet horizon
    Nous jouerons comme des enfants avec l'eau

     Et si la Lune se dévoile,
    Nous irons cueillir un à un
    Ses reflets colorés,
    Nous irons les laver,
    Puis d'un seul coup les libérer.

    Et s'il n'est pas trop tard,
    Si le soleil  n'est pas encore levé
    Tu pourras, si tu veux
    poser ta tête sur mon corps

    Et je te prendrais dans mes bras,
    Et ma poitrine mouillera tes cheveux,
    Et je te bercerai sur l'eau,
    Si tu veux.

    Adrian Grima
    Poète Maltais
    né en 1968.
     
    Partager via GmailGoogle Bookmarks

    votre commentaire
  • Aux arbres.
    Vous qui êtes effacés sur son passage
    Qui avez refermé sur elle vos chemins,
    Impassibles garants que Douve même morte
    Sera lumière encore n'étant rien.

    Vous fibreuse matière et densité,
    Arbres, proches de moi quand elle s'est jetée
    Dans la barque des morts et la bouche

    serrée
    Sur l'obole de faim, de froid et de silence.
    J'entends à travers vous quel dialogue
    elle tente.
    Avec les chiens, avec l'informe nautonier,
    Et je vous appartiens par son cheminement
    A travers tant de nuits et malgré tout
    Ce fleuve.
    Le tonnerre profond qui roule sur vos branches,
    Les fêtes qu'il enflamme au sommet de l'été
    Signifient qu'elle lie sa fortune à la mienne
    Dans la médiation de votre austérité.
    Partager via GmailGoogle Bookmarks

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique