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Aurélia.
Rédigée entre 1842 et 1854, pendant les dernières crises de Nerval, Aurélia fut publiée entre le 1 er janvier 1855 et le 15 février de la même année: dans l’intervalle se situe la fin tragique dans la rue Vieille-Lanterne. Achèvement d’une oeuvre, ce dernier écrit est véritablement ce qu’il est devenu d’appeler un testament. » L’oeuvre et la vie »: tel pourrait-être le sous-titre d’Aurélia, vaste poème onirique du rachat de l’homme. Considérant son expérience et l’embrasant presque dans sa totalité, Nerval découvrait qu’elle n’avait été qu’une quête » de la lettre perdue ». Par l’intermédiaire du rêve, il s’assimilait aux héros de l’humanité et proclamait au monde son triomphe, comme il l’avait déjà fait à la fin du Desdichado: » Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée. »
Cette traversée d’Orphée, la descente aux Enfers, lui assurait la certitude de l’immortalité, confirmait le mythe vivant qu’il s’était forgé puisqu’il retrouvait en Aurélia » Radieuse et transfigurée » la » divinité de ses rêves ».Nerval. ( poème).
Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie:
Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille ou le pampre à la rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phébus?… Lusignan ou Biron?
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéon:
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Aurélia ( 1854-1855)?
Tags : », aurelia, tour, 1855, traverse
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