• Théophile De Viau. La solitude.

    Dans ce val solitaire et sombre,
    Le cerf qui brame au bruit de l'eau,
    Penchant ses yeux dans un ruisseau,
    S'amuse à regarder son ombre.

    De cette source une naïade
    Tous les soirs ouvre
    le portal
    De sa demeure de cristal,
    Et nous chante une sérénade.

    Les nymphes, que la chasse attire
    A l'ombrage de ces forêts,
    Cherchent les cabinets secrets
    Loin de l'embûche du satyre.

    Jadis, au pied de ce grand chêne,
    Presque aussi vieux que le soleil,
    l'Amour et le Sommeil
    Firent la fosse de Silène.

    Un froid et ténébreux silence
    Dort à l'ombre de ces ormeaux,
    Et les vents battent les rameaux
    D'une amoureuse violence.

    L'esprit plus retenu s'engage
    Au plaisir de ce doux séjour,
    Ou philomèle nuit et jour
    Renouvelle un piteux langage.

    L'orfraie et le hibou s'y perde;
    Ici vivent les loups-garous;
    Jamais la justice en courroux
    Ici de criminels ne cherche.

    Ici l'amour fait ses études;
    Vénus y dresse des autels,
    Et les visites des mortels
    Ne troublent point ces solitudes.


    Cette forêt n'est point profane;
    Ce ne fut point sans la fâcher
    Qu'Amour y vint jadis cacher
    Le berger qu'enseignait Diane.

    Amour pouvait par innocence
    Comme enfant, tendre ici des rêts,
    Et, comme reine des forêts,
    Diane avait cette licence.
    « Musset.1835-1837, Les Nuits.Charles-Ferdinand Ramuz. »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :