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Théophile De Viau. La solitude.
Dans ce val solitaire et sombre,
Le cerf qui brame au bruit de l'eau,
Penchant ses yeux dans un ruisseau,
S'amuse à regarder son ombre.
De cette source une naïade
Tous les soirs ouvre
le portal
De sa demeure de cristal,
Et nous chante une sérénade.
Les nymphes, que la chasse attire
A l'ombrage de ces forêts,
Cherchent les cabinets secrets
Loin de l'embûche du satyre.
Jadis, au pied de ce grand chêne,
Presque aussi vieux que le soleil,
l'Amour et le Sommeil
Firent la fosse de Silène.
Un froid et ténébreux silence
Dort à l'ombre de ces ormeaux,
Et les vents battent les rameaux
D'une amoureuse violence.
L'esprit plus retenu s'engage
Au plaisir de ce doux séjour,
Ou philomèle nuit et jour
Renouvelle un piteux langage.
L'orfraie et le hibou s'y perde; Ici vivent les loups-garous; Jamais la justice en courroux
Ici de criminels ne cherche.
Ici l'amour fait ses études;
Vénus y dresse des autels,
Et les visites des mortels
Ne troublent point ces solitudes.
Cette forêt n'est point profane;
Ce ne fut point sans la fâcher
Qu'Amour y vint jadis cacher
Le berger qu'enseignait Diane.
Amour pouvait par innocence
Comme enfant, tendre ici des rêts,
Et, comme reine des forêts,
Diane avait cette licence.
Tags : amour, solitude, point, foret, cherche
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