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Pluie Noire.
La jeune et jolie Yasuko ne trouve pas de mari. Cinq ans après l’explosion de la bombe atomique, elle vit avec son oncle et sa tante dans un village près d’Hhiroshima. On raconte que l’averse de pluie noire qui a suivi l’explosion est tombée sur elle. Or, à long terme, cette pluie cause une maladie mortelle. Son oncle décide de prouver qu’elle n’a pas été atteinte par la radioactivité. Pour cela il recourt au journal que sa nièce tenait en 1945, et à ses propres notes d’alors, qu’il intitule Journal d’un sinistré. L’essentiel du livre est constitué par ces écrits qui relatent, au présent, et par des témoins qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. La découverte de l’horreur mêlée aux plus émouvants et doux aspects de la vie quotidienne.
6 août 1945. Yakaso note dans son journal:
J’ai cru que la nuit venait, mais arrivée à la maison, je me suis aperçue qu’il n’en était rien, que l’ombre crépusculaire était due aux fumées qui remplissaient le ciel. Oncle et Tante étaient là. Ils allaient partir à ma recherche. Oncle s’était trouvé à la station de Yokogawa au moment du bombardement, et il avait été blessé à la joue gauche. La maison penchait, mais Tante était sauve. Sur une remarque d’Oncle, je me suis aperçue que j’étais couverte d’éclaboussures, comme de boue. Ma blouse à manches courtes était salie aussi, et même en partie abîmée. En me regardant dans la glace, je vis que, sauf la partie qui avait été abritée par ma capuche de protection aérienne, j’étais couverte de taches de même couleur. Je me suis alors souvenue qu’une pluie noire était survenue après notre embarquement sur le bateau clandestin. Ce devait être vers dix heures du matin, je crois. Des nuages noirs qui roulaient sur la ville s’étaient élevés des grondements de tonnerre, et il avait plu aussi dru et raide que s’il était tombé des stylos. La pluie n’avait pas duré. Je devais être bien distraite, car plus tard, j’ai cru avoir été surprise par cette pluie dans le camion; j’avais dû vouloir le croire, car je ne devais guère être en état de bien percevoir les choses à ce moment là. D’ailleurs, la pluie noire avait cessé aussi vite qu’elle était apparue, tout à fait comme une hallucination. C’était une pluie fourbe. Je me suis lavée les mains à la source du jardin, mais j’ai eu beau les frotter avec du savon, la souillure n’est pas partie; on aurait dit qu’elle collait indissolublement à la peau; je n’y comprenais rien; j’ai demandé à Oncle de regarder. » C’est peut être du gras de bombe incendiaire, a -t-il dit. Ils auraient donc lancé une bombe incendiaire… ». Puis, m’examinant la figure: » ça pourrait aussi bien être de la boue mélangée à du gaz toxique. Ils auraient donc jeté une bombe à gaz? » a -t-il poursuivit. Et, regardant ma figure encore une fois: » Non, ça n’a pas l’air d’être du gaz. Ce seront plutôt des éclaboussures provenus d’une explosion d’un magasin de poudre de l’armée, auquel un espion aura mis le feu. Moi j’ai été bombardé à la gare de Yokogawa, j’ai regagné la maison en marchant le long des rails, mais je n’ai pas rencontré de pluie noire.
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